Congrès de la FUA

Que de temps depuis mon dernier article! Désolée de ne pas avoir beaucoup donné de nouvelles ces derniers temps. L'article qui suit traite du Congrès de la FUA en Mai dernier, mais avant cela, bien des choses se sont passées -qui n'ont pas dû complètement vous échapper non plus... Je suis rentrée à Paris tout début mai pour passer mon oral de mémoire et renouveler mon visa, et cela s'est très bien passé. J'ai eu la joie de revoir beaucoup d'entre vous, et aussi de regoûter aux doux plaisirs de la France! La baguette, le fromage, le foie gras -merci maman!-, les joues de lotte de Nanie, les patisseries... que du bonheur :)-

15 jours plus tard, je reprenai l'avion pour l'Argentine. Planning chargé pour la semaine de mon retour : du 20 au 25 mai, départ pour le Congrès de la FUA et passage à Buenos Aires pour les fêtes du Bicentenaire du premier gouvernement patriote argentin (premier pas vers l'Indépendance argentine, 6 ans plus tard). Et le 26 au matin, j'ai commencé un stage au secrétariat d'extension de l'UNC (l'Université où j'avais étudié en 2009).

Revenons désormais sur le Congrès de la FUA, trois jours de camping et de politique estudiantine, dans une ambiance festive et bon enfant.

La FUA

Jeudi 20 Mai au soir, nous sommes partis avec les chicos de Construcción en bus à Santa Fe où a lieu pendant 3 jours le Congrès de la FUA. La FUA, Fédération Universitaire Argentine, est l'instance représentative des étudiants universitaires depuis 1918, à l'échelle nationale. Les organisations estudiantines du pays élisent l'une d'elles à la tête de la FUA lors de ce Congrès, pour un mandat de deux ans. L'organisation des chicos, Construcción Politica Independiente, appartient au MPE, Mouvement Participatif Estudiantin, un groupe représentant les organisations de gauche à l'échelle nationale, indépendantes des partis politiques. 

La raison de la présence de Construcción à Santa Fe n'était pas sa participation active au vote, lequel se déroule via des mécanismes de représentations assez complexes, mais se regrouper en tant que mouvement national, et donc renforcer les relations entre les différentes organisations le constituant et faire émerger la conscience d'appartenir à un même groupe (le MPE n'a que deux-trois ans). Il s'agissait aussi de débattre à propos de deux thèmes centraux dans les discussions estudiantines : la Réforme de la Loi de l'Education Supérieure et l'actualité Latinoaméricaine.

Je suis venue moi aussi par curiosité et par sympathie! C'était une occasion de découvrir comment s'organisait l'engagement politique estudiantin en Argentine, qui, me semble-t-il, mobilise bien plus qu'en France. Et puis, ayant écrit mon mémoire sur les formes discursives de la militance estudiantine d'une organisation indépendante de gauche, je commencais à bien comprendre les revendications de ces étudiants : une Amérique Latine unie, une reconsidération des peuples originaires de cette zone, ainsi que de la culture populaire, l'amélioration de la situation des couches populaires de la société. Je trouve ces revendications tout a fait justifiées, cependant je suis allée à ce Congrès en tant que simple "observatrice participante et sympathisante", car je n'adhère pas à l'ensemble du positionnement politique ni de Construcción, ni de ce mouvement national; de plus, étant une francaise de passage en Argentine, je n'aurais pas non plus de légitimité à être membre de ces instances. Cela n'a rien ôté à cette rencontre, qui a été pour moi une expérience très enrichissante, une occasion de mieux comprendre l'Argentine et les préoccupations de certains de ses étudiants, et de me poser des questions, par exemple sur les préoccupations des étudiants francais.

Après un détour par San Luis, nous arrivons au camping de Santa Fe le vendredi matin, sous une pluie bretonne, mais accueillis joyeusement par la murga (les tambours) des organisations arrivées peu avant nous. Nous plantons tentes et drapeau, et faisons connaissance avec le lieu : ces picotements sur les bras, ce sont déjà dix piqûres de moustiques... La région de Santa Fe est en effet très humide et chaude, et nous campions à quelques mètres d'un bras de l'immense fleuve Paraná. Les moustiques et autres bestioles ont fait festin de nos chairs tendres pendant ces trois jours, et presque un mois après, j'en conserve encore les traces.

Sous le drapeau de Construcción, de droite à gauche : Agus, moi, Noe, et Dante faisant voler la Wipala, le drapeau des peuples originaires d'Amérique Latine et des cultures andines. 

Les drapeaux du MPE attendant d'être portés par les militants.

Moments entre nous, au bord du Río Paraná

Agus, Jere, Pigu

      

      Après une première journée d'accueil et de jeux de groupes (vous avez déjà joué à quoique ce soit à 300? c'est plutôt drôle!), nous entammons un vendredi studieux, de discussions en petits groupes sur les deux axes de cette rencontre (la réforme universitaire et la réalité latinoaméricaine). Les organisations de tout le pays, bien que partageant une même ligne directrice, doivent se mettre d'accord sur un discours commun, ce qui n'est jamais chose facile... Les commissions mettant en commun le travail de la journée insistaient sur les thèmes abordés dans les discussions, mais jamais refermés. 

Samedi après-midi, nous nous rendons à Santa Fe et défilons dans les rues de la ville, au rythme des chants du MPE (ressemblant fort à ceux que j'entendais dans la faculté de Sciences Politiques et Sociales lors des élections étudiantes, l'année dernière) et des tambours de la murga. Ce fut une manifestation assez réussie, car, grâce aux répétitions sur 'le campement, nous étions bien coordonnés et nous donnions l'impression d'être bien plus que 300 militants. 

La manifestation dans les rues de Santa Fe.

Construcción, représentant le mouvement indépendant à Mendoza

Notre cortège passe sur "le pont de Brooklyn", avant d'arriver à destination...

A la fin de la marche, une attente de plusieurs heures devant l'Université Nationale de Santa Fe, où se déroulaient les élections... Les chants et les tambours continuent encore longtemps, mais la fatigue et la faim se font sentir dans les rangs! Vers 1h du matin, un vendeur de pain artisanal est arrivé parmi ces militants affamés, et a sûrement dû gagner son chiffre du mois :)

 Les cars reviennent enfin nous chercher dans la nuit pour nous ramener au camping... Nous sommes extenués, mais certains continuent la fête jusqu'au petit matin. Le lendemain, nous apprenons les resultats : MPE arrive 5ème, et n'a donc pas encore de poids décisionnel au sein de la FUA... Beaucoup sont décus, surtout qu'il semble avoir eu des arrangements, les votes ne se comptant pas de manière transparente. La Franja Morada, une organisation estudiantine de droite, remporte une fois de plus (depuis plus de 20 ans) la présidence.

Mais peu importe. Les chicos de Construcción sont contents d'avoir fortifié les liens avec d'autres étudiants ayant la même ligne politique qu'eux, tout en désirant garder une autonomie par rapport au mouvement. Personnellement, j'ai été agréablement surprise de voir autant de jeunes venir de tout le pays (qui n'est pas petit... nous avons fait plus de 15h de car pour venir, par exemple) et consacrer 3 jours de leur temps libre pour partager leur volonté de changer la réalité sociale argentine. J'ai aussi apprécié la bonne ambiance sur le campement, et les relations agréables entre personnes qui ne se connaissent pas au départ.

Lundi à midi, nous prenons congé du MPE. Mais le voyage n'est pas fini pour nous! Proxima estación : Buenos Aires... pour fêter le Bicentenaire!